La Corporation du Grand Feu de Liernu a 42 ans d’existence.
Le costume d’apparat de ses membres a été créé en 1984.
La tradition des Grands Feux en Wallonie (et ailleurs) prend sa source dans la volonté ancestrale de hâter la fin de l’hiver et d’accueillir le renouveau printanier de la nature. Cela se concrétisait jadis par le brûlage des produits de l’élagage des haies et fruitiers, mais également de vieux objets dont on voulait se débarrasser : meubles, matelas, … pour faire place au renouveau. De nos jours, il s’agit plutôt de faire brûler au somment d’un bûcher une effigie censée représenter l’hiver et, en fin de compte, tous les maux, petits et grands, de la terre.
A liernu, l’Hiver est représenté par un mannequin en forme de bonhomme de neige, l’ « Immonde Blanc » qui, soit dit en passant, est notre unique « ennemi ». C’est lui qui va être condamné et mourir sur le bûcher.
En 1984, pour mieux marquer notre rôle de juges et bourreaux du « Blanc », nous avons opté pour un accoutrement qui allie la robe blanche du juge à la cagoule du bourreau. Les flammes rouges en bas de la robe symbolisent, quant à elles, le châtiment du condamné et la purification par le feu.
Dans d’autres villages, il s’agit d’une sorcière ou même d’un dragon qui vient aider la population à se défaire de l’Hiver. Mais l’idée reste la même : la fin de l’hiver.
Mais, qui se cache réellement sous les cagoules de Liernu ?
D’abord : des hommes et des femmes (car à Liernu, l’égalité des chances n’est pas un vain mot !) ; un fermier, président du syndicat agricole et juge-expert en bonnes bières ; des fonctionnaires, de la Région wallonne, de la Poste, des Chemins de fer, du Tec ; un ingénieur ; un chef d’entreprise retraité ; un chômeur ; un membre de la Fabrique d’Eglise ; des professeurs de gymnastique; des étudiants ou jeunes en début de carrière dont un jeune homme de couleur originaire de l’île Maurice (car à Liernu, l’égalité des chances n’est pas un vain mot !), un fonctionnaire (encore !) retraité et ancien combattant syndical de la C.G.S.P. ;
Inutile d’ajouter que le mot « racisme » ne faisait, jusqu’à présent, pas partie de notre vocabulaire ! Même si certains esprits chagrins ont cru bon de nous assimiler à un groupuscule nord-américain dont les membres se fichaient sur la tête de vieux oreillers troués de deux orifices pour ne pas être reconnus durant leurs méfaits.
Non arrêtez, vous n’y êtes pas.
A ce train-là, il faudra peut-être un jour traiter de raciste le rythme endiablé des Gilles, de Binche ou d’ailleurs, parce qu’on aurait découvert qu’il s’apparente à une danse rituelle pratiquée jadis par les membres d’une tribut vaguement cannibale d’Amazonie !
Ou ne devra-t-on pas interdire le sacrement de Pénitence dans les églises catholiques parce que des pénitents espagnols portent aussi la cagoule ?
Vive nos traditions, vive le Grand Feu, vive Carnaval.